Décret Tertiaire : obligations et solutions
Cette mesure vise à accélérer la transition énergétique et encourager une croissance verte dans le secteur du bâtiment, responsable de 18 % des émissions de gaz à effet de serre en France en 2021. Ce décret oblige les acteurs du tertiaire à réinventer leur manière de consommer l'énergie. Mais concrètement, qui est concerné ? Comment se conformer aux exigences sans exploser son budget ? Quels sont les leviers d'optimisation les plus efficaces ? Décryptage des enjeux et des solutions pour se conformer au Décret Tertiaire.

Qu’est-ce que le Décret Tertiaire et à qui s’adresse-t-il ?
Le Décret Tertiaire vise à accélérer la réduction de la consommation d’énergie dans le secteur tertiaire. Il impose des objectifs ambitieux et progressifs afin d’améliorer la performance énergétique des bâtiments et de contribuer aux engagements climatiques de la France.

Une réglementation pour le parc tertiaire de plus de 1 000 m²
Le Dispositif Eco-Energie Tertiaire (DEET), communément appelé Décret Tertiaire, inscrit dans la loi ELAN et entré en vigueur en 2019, impose une réduction progressive de la consommation d’énergie des bâtiments tertiaires.
Tous les ensembles de bâtiments à usage tertiaire dont la surface d’exploitation est supérieure à 1 000 m² sont concernés. Qu’ils soient publics ou privés, ils doivent désormais s’inscrire dans une démarche d’efficacité énergétique. Cela inclut les bureaux, commerces, services publics, infrastructures sportives et de loisirs, hôtels et restaurants, etc.
Les sites industriels et les bâtiments à usage mixte peuvent aussi être concernés si les surfaces tertiaires (bureaux, salles de formation, espaces de stockage) dépassent 1 000 m². Seules quelques exceptions existent, notamment pour les constructions provisoires, lieux de culte et bâtiments à usage défensif ou de sécurité.

Les acteurs concernés : propriétaires, bailleurs et locataires
L’application du décret ne repose pas uniquement sur les propriétaires. Les responsabilités de chaque partie prenante sont définies en fonction des dispositions contractuelles. Ainsi, locataires et exploitants ont aussi un rôle à jouer et doivent collaborer pour atteindre les objectifs fixés.
Si plusieurs entreprises partagent un même site de plus de 1 000 m², chacune doit déclarer sa consommation annuelle, même si sa propre surface est inférieure au seuil réglementaire.
C’est donc un travail d’équipe qui implique d’adopter des équipements plus performants, d’assurer une gestion active des ressources énergétiques et de sensibiliser les occupants aux bons gestes du quotidien.
Les objectifs de réduction énergétique du décret
Des ambitions fortes pour 2030, 2040 et 2050
Le Décret Tertiaire fixe des objectifs de réduction échelonnés sur plusieurs décennies :
- 40 % de réduction de la consommation d’ici 2030 ;
- 50 % d’ici 2040 ;
- 60 % d’ici 2050.
Ces paliers ambitieux sont calculés sur la base d’une année de référence qui ne peut être antérieure à 2010, et permettent d’assurer une transition progressive sans brusquer les entreprises. Découvrez le premier bilan du Décret Tertiaire et les avancées déjà réalisées !
Valeurs relatives ou valeurs absolues : choisir la bonne approche
Le Dispositif Eco-Energie Tertiaire laisse aux entreprises le choix entre deux méthodes pour atteindre leurs objectifs de réduction de consommation énergétique, en fonction de leur usage relatif et de leurs capacités d’adaptation.
- La valeur relative : cette approche consiste à réduire la consommation d’énergie en pourcentage par rapport à une année de référence choisie entre 2010 et 2020. L’objectif est d’atteindre des réductions progressives : 40 % d’ici 2030, 50 % d’ici 2040 et 60 % d’ici 2050. Ce mode de calcul est particulièrement avantageux pour les bâtiments anciens, car il permet de mesurer les progrès réalisés tout en tenant compte des spécificités historiques du site.
- La valeur absolue : cette méthode repose sur l’atteinte d’un seuil de consommation énergétique fixé par l’État en fonction de l’usage du bâtiment et des meilleures pratiques observées dans les bâtiments neufs. Elle impose un seuil maximal de consommation exprimé en kWh/m²/an, adapté à chaque type d’activité tertiaire. Cette approche est plus pertinente pour les bâtiments récents ou ceux ayant déjà mis en place des mesures d’efficacité énergétique.
Cette flexibilité donne la possibilité aux entreprises d’adopter une stratégie sur-mesure, adaptée à leur situation.

Comment choisir la bonne approche ?
Le choix entre ces deux méthodes dépend de plusieurs critères :
- L’ancienneté du bâtiment : les locaux tertiaires récents auront plus d’intérêt à se conformer aux valeurs absolues, tandis que les plus anciens privilégieront souvent la valeur relative.
- Les travaux d’amélioration énergétique réalisés : si le parc immobilier a déjà bénéficié de rénovations récentes, l’approche en valeur absolue pourrait être plus adaptée.
- La disponibilité des données historiques : une entreprise possédant des relevés détaillés des données de consommation pourra s’appuyer sur la valeur relative pour mesurer ses progrès.
- Les contraintes d’exploitation : certaines entreprises ne peuvent pas réduire leur niveau de consommation en dessous d’un certain seuil sans impacter leur activité. Dans ce cas, elles peuvent opter pour la valeur relative et ajuster leur plan de réduction de manière progressive
Une modulation des objectifs en fonction de vos contraintes
Les entreprises concernées par le Décret Tertiaire peuvent bénéficier d’une modulation des objectifs de réduction énergétique en fonction de contraintes spécifiques :
- Contraintes techniques, architecturales ou patrimoniales : certains bâtiments présentent des contraintes rendant difficile l’atteinte des objectifs fixés.
- Évolution de l’activité exercée : un changement d’usage ou une augmentation du volume d’activité peut influencer la consommation d’énergie.
- Disproportion manifeste des coûts par rapport aux avantages attendus : si les actions nécessaires engendrent des coûts excessifs par rapport aux économies d’énergie, une adaptation des objectifs peut être envisagée.
Toute demande de modulation doit être justifiée par un dossier technique détaillé. De plus, certaines consommations peuvent être déduites des objectifs globaux, notamment la chaleur fatale autoconsommée et l’énergie dédiée à la recharge des véhicules électriques. Ces ajustements permettent une meilleure prise en compte des réalités économiques et techniques de chaque entreprise, en alignant le plan d’actions par rapport aux spécificités du site concerné, tout en favorisant une transition énergétique réaliste et progressive.
Comment déclarer vos consommations énergétiques ?
La plateforme OPERAT : votre tableau de bord énergétique
Pour assurer le suivi des objectifs de consommation, les entreprises doivent renseigner leurs données sur la plateforme OPERAT gérée par l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (ADEME), notamment :
- La description de l’activité tertiaire exercée ;
- La superficie des bâtiments concernés ;
- Les consommations annuelles d’énergie par type de source énergétique et ajustées en fonction des variations climatiques ;
- Pour les entreprises concernées, l’année de référence choisie (entre 2010 et 2019) avec les consommations associées et leurs justificatifs ;
- Les indicateurs d’intensité d’usage relatifs aux activités hébergées, servant à établir les objectifs de consommation et leurs éventuelles modulations ;
- La comptabilisation des consommations d’énergie finale liées à la recharge des véhicules électriques ou hybrides ;
- Toute modulation des objectifs.
Cet outil centralisé aide les entreprises à visualiser l’évolution des consommations et des efforts réalisées, obtenir une attestation annuelle de conformité et recevoir des recommandations pour optimiser la performance énergétique.


Qui est responsable de la déclaration des consommations ?
Si la déclaration des consommations d’énergie incombe aux propriétaires et aux preneurs à bail assujettis, elle peut néanmoins être confiée à un tiers. Une entreprise peut ainsi déléguer cette tâche à un prestataire spécialisé. Cette externalisation permet d’assurer un suivi rigoureux et de garantir la conformité avec les exigences du Décret Tertiaire tout en allégeant la charge administrative des entreprises concernées.

Les échéances à respecter
Dès 2022, les entreprises concernées ont jusqu’au 30 septembre de chaque année pour déclarer leurs consommations d’énergie de l’année précédente. En cas d’oubli ou de retard, une mise en demeure est envoyée, accordant un délai de trois mois pour régulariser la situation.
Les entreprises non conformes aux obligations du Décret Tertiaire seront dans l’obligation fournir un plan d’actions concret sous 6 mois. À défaut, l’État a prévu des sanctions administratives reposant sur le principe du « Name and Shame ».
Une sanction financière peut également être appliquée en cas de manquement prolongé :
- 1 500 € pour une personne physique ;
- 7 500 € pour une personne morale.

Financer votre mise en conformité
Pour accompagner les entreprises, plusieurs aides financières existent :
- Certificats d’Économies d’Énergie (CEE) ;
- Subventions ADEME (Fonds Chaleur) ;
- Contrats de performance énergétique (CPE).
Ces financements permettent d’alléger le coût des travaux et facilitent la transition énergétique du parc tertiaire.
Solutions efficaces pour réduire la consommation de bâtiments tertiaires
Première étape clé : réaliser un audit énergétique
Avant d’entreprendre des actions de réduction de la consommation énergétique, il est essentiel d’évaluer précisément l’état des lieux. Un audit énergétique permet d’identifier les postes les plus énergivores, de repérer les déperditions et d’établir un plan d’actions efficace. Cette analyse approfondie prend en compte plusieurs critères :
- L’état des équipements (chauffage, ventilation, éclairage, etc.) ;
- L’isolation thermique et la qualité du bâti ;
- Les habitudes de consommation des occupants et les tendances de consommation ;
- Les opportunités d’optimisation et de modernisation des installations.
Grâce aux résultats de l’audit, les entreprises peuvent hiérarchiser leurs investissements en fonction de leur rentabilité et des gains énergétiques attendus.

Tout savoir sur l'audit énergétique
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La GTB : le cerveau de votre gestion énergétique
La Gestion Technique du Bâtiment (GTB) est une solution clé pour améliorer le pilotage des installations énergétiques. Ce système intelligent permet de superviser en temps réel les équipements tels que le chauffage, la climatisation, la ventilation et l’éclairage.
Les avantages de la GTB sont multiples :
- Optimisation automatique des consommations en fonction des besoins réels ;
- Détection rapide des anomalies et des surconsommations ;
- Programmation d’horaires adaptés pour éviter les gaspillages ;
- Réduction des coûts d’exploitation et des factures énergétiques.
En centralisant la gestion énergétique, la GTB facilite l’atteinte des objectifs ambitieux du Décret Tertiaire et assure un suivi précis des économies réalisées. Associée à d’autres mesures d’efficacité énergétique, elle représente un levier puissant pour réduire durablement la consommation du parc immobilier tertiaire.
Réaliser des travaux pour des bâtiments plus performants
En complément de l’audit et de l’optimisation via la GTB, des travaux d’amélioration peuvent être nécessaires pour garantir de meilleures performances énergétiques des bâtiments assujettis. Ces travaux incluent :
- L’amélioration de l’isolation thermique des murs, toitures et fenêtres pour réduire les pertes énergétiques ;
- Le remplacement des équipements CVC (chauffage, ventilation et climatisation) par des modèles plus performants et économes en énergie ;
- L’installation de systèmes de récupération de chaleur permettant de réutiliser l’énergie produite
- L’optimisation de l’éclairage grâce à des ampoules LED intelligentes et des capteurs de présence,
- L’intégration d’énergies renouvelables telles que le solaire photovoltaïque, le biogaz ou la géothermie pour une production d’énergie plus durable, réduisant la dépendance aux combustibles fossiles.
Ces améliorations, bien que représentant un investissement initial, génèrent des économies substantielles à moyen et long terme. Par ailleurs, des dispositifs d’aides financières, comme les Certificats d’Économies d’Énergie (CEE), peuvent contribuer à alléger le coût des travaux.

Décret Tertiaire : un défi à transformer en opportunité
Bien que contraignant, le Décret Tertiaire offre des opportunités d’optimisation énergétique et de réduction des coûts d’exploitation. En adoptant les bonnes pratiques et en exploitant les aides disponibles, les entreprises peuvent non seulement respecter la réglementation, mais aussi valoriser leur patrimoine immobilier et contribuer à la transition énergétique.
Avec les bons outils, un accompagnement adapté et une stratégie bien définie, la transition énergétique devient un avantage concurrentiel.

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