Les Combustibles Solides de Récupération (CSR)
A l’heure de la transition énergétique et de la décarbonation de l’Industrie à l’échelle française et européenne, les combustibles solides de récupération (CSR) représentent une nouvelle opportunité pour valoriser les déchets en ressources énergétiques et conjuguer performance économique avec responsabilité à long terme !
En France, l’industrie représente 19% des émissions de gaz à effet de serre, soit le second secteur le plus polluant après les transports selon l’Agence européenne pour l’environnement. Plus de 11 000 installations industrielles totalisent à elles seules environ 50% des émissions européennes de dioxyde de carbone, soit 1 750 millions tonnes en 2016.
Face aux tensions sur les prix du gaz, de l’électricité et la multiplication par 3 du prix de la tonne de carbone, de 25 euros à fin 2020 à plus de 80 euros en ce début d’année 2022, de plus en plus d’industriels initient aujourd’hui des projets de chaufferie CSR, en partenariat avec des gestionnaires de déchets, pour valoriser leurs déchets ultimes, réduire leur dépendance aux énergies fossiles et sécuriser leurs coûts de fabrication et d’exploitation.
L’essor des CSR s’inscrit idéalement dans la feuille de route française sur la gestion des déchets ultimes, exclus d’une valorisation matière et donc normalement enfouis, selon la Loi sur la Transition Energétique. Selon l’ADEME, 2,5 millions de tonnes de déchets non recyclables pourraient être transformés en CSR et ainsi réduire de 50% la mise en décharge en 2025.
Tour d’horizon de la réglementation, des bénéfices et des conditions de succès d’un projet CSR pour les industriels !
Les CSR, des déchets non recyclables aux combustibles !
Les CSR représentent une énergie locale issue des déchets ultimes de proximité. En effet, ils sont préparés, dans des unités de production, à partir de déchets non dangereux, initialement enfouis, afin d’en extraire la fraction à forte valeur énergétique. Ils se présentent sous la forme de granulés, plaquettes ou de flocons issus du broyage et du compactage de déchets ultimes, non recyclables et non valorisables, qui sont utilisés dans des chaufferies CSR pour produire de la chaleur ou de la vapeur.
Déjà largement exploités dans les fours des cimenteries comme énergie de substitution, les CSR disposent de procédés de fabrication et d’exploitation extrêmement réglementés. Selon le dernier décret de 2016, les CSR doivent impérativement disposer d’un pouvoir calorifique supérieur à 12 000 kilojoules afin de garantir une combustion « énergétique » performante et l’intérêt économique de sa mobilisation en local. Il en va de même pour les chaufferies CSR qui doivent respecter des normes environnementales strictes, en particulier dans le traitement des fumées pour produire de l’eau chaude, de la vapeur ou du combustible alternatif.
Que ce soit dans le dimensionnement et l’exploitation de l’unité de production ou de la chaufferie CSR, selon l’application thermique déterminée, les producteurs de déchets et les industriels doivent rechercher le « meilleur » équilibre écologique et économique !
Les CSR, des combustibles “locaux” économiques, écologiques et responsables !
Les CSR s’adressent, à ce jour, principalement aux industriels « grands consommateurs » de chaleur, tout au long de l’année, comme les acteurs de la papeterie, de l’agroalimentaire, de la cimenterie, de la chimie… Ils présentent de nombreux avantages, au delà de la possibilité de couvrir 50 à 70% des besoins énergétiques de ces acteurs.
Le premier « plus » est le coût bas de l’énergie produite à partir des CSR, indexé sur leur coût de préparation et non sur celui d’un marché en perpétuelle fluctuation. Deuxième avantage et non des moindres, l’exploitation de CSR garantit aux industriels une décarbonation de leur activité par une réduction des émissions ; outre d’être éligibles aux aides à la transition énergétique, les CSR produisent une énergie pouvant être considérée jusqu’à 80% renouvelable. De plus, les industriels, qui font le choix de coupler unité de production et d’exploitation, peuvent valoriser et consommer leurs propres déchets, dans un cercle vertueux. Enfin, les CSR, énergie locale par excellence, permettent aux industriels de s’ancrer et d’investir dans leur région, dans une périphérie de 150 à 200 kilomètres, pour créer de la valeur, de la compétitivité et des emplois.
Les conditions clés de succès d’un projet CSR !
La condition sine qua non de la réussite d’un projet de CSR repose sur la disponibilité des ressources en termes de proximité, dans une périphérie de moins de 200 kilomètres, de quantité et de qualité constante, pour assurer efficacité énergétique, économique et bilan carbone. Outre une bonne qualification de l’usage énergétique des CSR, du dimensionnement à la faisabilité, un projet de CSR nécessite une démarche itérative et incrémentale pour modéliser les besoins et les attentes des différentes parties prenantes aux intérêts parfois divergents, des producteurs aux consommateurs de CSR.
Les enjeux sont notamment : la définition d’un plan d’approvisionnement en CSR, la conception d’installations répondant aux contraintes environnementales et réglementaires, la mise en œuvre de technologies adaptées (convoyage du combustible, chaudières et traitement des fumées), la prise en compte des contraintes d’exploitation, la maîtrise des investissements et l’anticipation des coûts d’exploitation.Un partenaire, à l’image d’Impulse du groupe E’nergys, qui allie conseil et maîtrise d’œuvre, s’impose afin que les industriels puissent anticiper et maîtriser les enjeux d’investissement, de production et d’exploitation des CSR. A titre d’exemple, un partenaire peut aider les industriels dans la contractualisation d’un projet CSR pour en garantir la qualité constante et la bonne durée. Il en va de même pour la création d’une centrale thermique qui nécessite de prendre en compte de nombreux éléments techniques, financiers et règlementaires pour en assurer son succès.
A notre avis, les CSR devraient devenir dans les prochaines années un levier clé des industriels pour réduire leur dépendance aux énergies fossiles et décarboner. Des freins doivent être encore levés pour accélérer le développement de cette filière de chaleur bas carbone, dont notamment les évolutions technologiques et réglementaires nécessaires au développement d’installations de puissance inférieure à 15 MW. Dans un contexte de hausse importante de la fiscalité carbone et de la TGAP (Taxe sur les Activités Polluantes) prévue en 2025, le recyclage et la valorisation des déchets vont devenir un enjeu capital pour les industriels. Nous sommes persuadés que les 15 premiers projets CSR vont structurer la filière et nombreux sont les signaux vis à vis des industriels pour tendre vers plus d’économie circulaire, source de responsabilité et de leurs profits futurs !